Toxicomanie et conduites addictives
La toxicomanie et les conduites addictives représentent des sujets de discussion scientifiques mais aussi des débats animés dans les mass-média. Il suffit de regarder les programmes télévisuels qui traitent ce sujet pour se rendre compte de l’ampleur de la préoccupation de nos concitoyens pour un sujet tellement difficile à accepter et comprendre qu’il suscite le plus souvent des réactions passionnelles – les pour et les contre qui s’affrontent sans cesse sur le champ du débat idéologique, mais aussi sur le plan de la lutte répressive et de la responsabilité individuelle et commune.
Nous ne voulons pas prolonger ici les polémiques habituelles, mais plutôt détailler, en plus d’un historique des concepts, une présentation de quelques grandes classes de substances psychoactives et les comportements et conséquences associés à leur usage. Nous nous efforcerons par la même occasion de situer les facteurs de vulnérabilité et de risques des personnes dépendantes et l’impact familial de la toxicomanie d’un proche.
La notion d’usage d’une substance reconnue comme psychoactive ou psychotrope (ayant la capacité de modifier les états de conscience et la perception du monde) remonte aux origines de l’humanité. Souvent dans les rites d’initiation chamaniques on retrouve l’usage de telles substances. La conception du monde chamanique impliquait l’existence d’un monde différent, difficilement accessible par les sens usuels. Les techniques pour y accéder allaient du jeûne, invocations, abstinence sexuelles, mais surtout par la prise rituelle de psychotropes. Selon Eliade, le chamanisme était une « technique archaïque de l’extase », le chaman apparaissant comme un « maître du feu », utilisant les substances psychotropes comme un substitut de la transe. On rencontre souvent ce rapport au surnaturel et à la divinité dans le parcours des usagers de drogues, qu’il s’agit des conduites ordaliques, des recherches des états modifiés de conscience ou des tentatives d’expérience de mort clinique (nous détaillerons ces concepts plus loin).
Il faut souligner qu’à notre époque on fait énormément cas (avec des arguments de taille) de la distinction juridique entre drogues licites et illicites, source d’incompréhension dans la population générale, et vecteur de tension entre les soignants, les travailleurs sociaux et les représentants des forces de l’ordre. Nous allons détailler ces classifications, avec des arguments scientifiques et cliniques afin de pouvoir estimer les réels dangers de tel ou tel produit. Ainsi, l’alcool, qui apparaît comme un produit culturel, d’usage presque anodin, fait partie des substances licites, malgré de nombreuses mises en garde sur ses effets délétères sur la santé à court et à long terme. Il est de même pour les médicaments psychotropes – anxiolytiques et antidépresseurs entre autres – qui représentent une énorme part de la prescription des médecins en ville. Le tabac, avec son cortège de méfaits toxiques et la forte implication dans les cancers broncho-pulmonaires, oro-pharyngaux, dans les maladies cardio-vasculaires, tient une place à part, au même titre que l’alcool, du fait d’un intérêt majeur de l’Etat (la TVA rapporte une véritable fortune, mais aussi à cause des pressions politiques des lobbies du tabac et des alcooliers).
On ne peut pas parler des conduites addictives sans se référer aux nouvelles addictions (jeu pathologique, achats compulsif, accros d’Internet et des jeux vidéo ou du sexe). Ces comportements s’inscrivent de plus en plus dans les préoccupations des spécialistes en toxicomanies et conduites addictives.