Montpellier
Le soir des attentats du 11 septembre 2001 on entendait dans tous les médias qu’il y aurait un avant et un après 11 septembre. On a entendu cette même phrase, avec une date changée, le 30 septembre dernier, non comme date anniversaire de la catastrophe AZF de Toulouse, mais par rapport à une affaire très médiatisée tout ce week-end et en début de semaine, celle des paris sportifs concernant les joueurs de handball du club de Montpellier.
On a appris avec pléthore de détails, les suspicions qui pèsent sur quelques joueurs de ce club, suite à une double affaire – celle des paris interdits pour les sportifs, mais aussi, et plus grave, l’accusation de match truqué. Sans rentrer dans les détails juridiques, l’aspect le plus frappant est la déferlante d’accusations et de certitudes concernant la culpabilité de ces joueurs, mais surtout le processus de destruction de l’image de ces mêmes joueurs. Le plus attaqué est Nicola Karabatic, qui représente à l’heure actuelle le meilleur joueur au niveau mondial.
Dans ce contexte, la virulence des attaques est devenue gênante, insupportable, voire indécente. Sans vouloir lancer un débat imprégné de moralité, il convient de souligner qu’il s’agit d’un joueur dont tout le monde, sportifs, supporters et médias, s’accordent pour lui trouver des superlatifs. Il est très jeune et très charismatique, talentueux, modèle de réussite par le travail d’un gamin qui a vécu au niveau personnel le drame des Balkans, en ex-Yougoslavie.
Mais, il bénéficie aussi, dans le sillage de sa gloire bien méritée, d’espaces publicitaires et des contrats exclusifs avec des marques de sport, ce qui peut poser la question de l’intégration de cette gloire et de ses retombées financières. On peut aisément faire la comparaison avec les gagnants du Loto (pas forcement les plus gros gains), qui se retrouvent confrontés à des situations stressantes, difficiles à gérer, du fait de cette manne financière. Il n’est pas anodin que la Française des Jeux a mis en place des structures spécialisées d’accompagnement pour ces heureux “happy few”, afin de les aider à s’adapter à leur nouvelle richesse et de mieux intégrer dans leur vie leur nouveau statut.
Est-ce qu’il serait osé de se poser la question, dans le cas de tous ces jeunes sportifs, mais aussi acteurs ou chanteurs, très adulés mais aussi très suivis au moindre faux pas, de la préparation et de l’accompagnement à cette gloire nouvelle. N’oublions pas les excès en tout genre de certains stars, la difficulté qui s’installe petit à petit à gérer et supporter leur nouveau statut.
Le plus inquiétant dans le déroulement de l’affaire des paris, est la vague et le phénomène de masse, de meute, avec la destruction de l’idole, avec des accusations et récriminations de la part des fans qui se sentent (à juste titre) trahis. Laissons faire son travail à la justice et laissons appliquer le verdict et les éventuelles peines qui seront prononcés, sans tout ce pathos et contexte moralisateur.
Et pour finir, en toute modestie, n’oublions pas cette phrase « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ! »