Accros au téléphone

Selon une étude 63% des français répondent à leur téléphone pour des raisons professionnelles en dehors des heures de travail. Comment expliquer ce résultat ? Est-ce une particularité française ? Le week-end semble plus épargné avec une majorité de personnes qui ne répondent pas. Comment expliquer une telle différence ?

L’arrivée des technologies de la communication performantes (e-mails, SMS, mobilité grâce aux smartphones) est un véritable progrès, offrant d’énormes avantages aux particuliers mais surtout dans le milieu professionnel. A travers des technologies alliant son et images (réseau Skype, Facetime), les gens sont immédiatement en contact et peuvent communiquer très rapidement (de manière quasiment instantanée). Le développement du télétravail, la possibilité de se mettre en contact très rapidement avec ses interlocuteurs de manière dématérialisée, d’échanger des fichiers audio et vidéo, ont changé cet aspect du monde du travail.

Gare cependant aux excès et mesurages. Le fait que les salariés soient connectés au-delà des heures d’ouverture doit rester exceptionnel, bien ancrée par la politique de l’entreprise. On l’a vu il n’y a pas si longtemps en Allemagne, pays qui a obligé les entreprises de signer une charte de qualité dans le travail, limitant voir interdisant les connexions téléphoniques et web en dehors des heures du travail. Car les conséquences de ce mésusage voir de l’addiction au travail sont très complexes. Il s’agit de l’apparition d’un véritable burn-out (présentant les signes d’un syndrome anxio-dépressif majeur avec des idées noires, perte d’l’élan, sentiment de culpabilité) ou des cas cités dans la littérature spécialisée comme syndrome de Karoshi (des personnes en bonne santé physique et psychique qui meurt par épuisement professionnel).

Parmi les personnes submergées par des charges professionnelles et pressions managériales excessives, on retrouve beaucoup de gens qui présentent une véritable addiction au travail (l’investissement professionnel est excessif, ces personnes sont omnicentrées sur leur travail avec la perte d’intérêt pour d’autres activités sociales, familiales et relationnelles). Ils se définissent eux –mêmes comme des workaholics, avec une fierté résultant de ce surinvestissement.

Le fait que beaucoup de professionnels décroche du boulot le week-end est le résultat direct des campagnes de prévention mais aussi des politiques d’entreprise responsables qui commencent à porter leurs fruits. Donc finalement, de manière quasi caricaturale, il suffit pour ces accros du portable de ne pas le décrocher.

Pour 34% des sondés, il n’y a pas d’heure pour répondre à un email alors qu’ils sont moins nombreux à répondre au téléphone. Comment expliquer cette différence ? Est-ce un signe d’addiction au travail ?

L’aspect mail est très intéressant car il s’agit d’une technologie de communication asynchrone. En fait répondre au téléphone implique une immédiaté, un aspect quasi instantané de la communication ; le mail laisse le temps à la réflexion, à l‘analyse de la situation exposée, à la possibilité de rédiger la réponse et pouvoir la corriger.

Docteur Dan VELEA
Psychiatre-addictologue
Le Docteur Dan VELEA, médecin psychiatre-addictologue-psychothérapeute est installé rue de Rennes dans le 6ème arrdt. à Paris.
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